La compétition en montgolfière ou la 4e dimension du vol en ballon.

En plus du coté paisible du vol de tourisme, il existe un aspect compétition en montgolfière pour cette activité aérienne. Je vais ici vous en expliquer les fondements de base.

Le principe premier du vol en montgolfière est d’être poussé par le vent sans aucune maîtrise pour le pilote de la direction prise par le ballon (1). Par définition, c’est celle du vent.

En revanche, le pilote maîtrise l’altitude (ouf !) – sans maîtrise de celle-ci, il n’y aurait plus besoin de lui !! Or il se trouve, qu’en fonction du relief, et/ou de la météo générale, et/ou de la pression atmosphérique et de bien d’autres paramètres, le vent n’a pas forcément la même direction à toutes les altitudes. On peut avoir par exemple au sol un vent qui vient de l’ouest, et plus on monte en altitude, plus le vent vire au nord et pousse le ballon vers le sud.

Il arrive parfois, dans quelques cas exceptionnels, que le vent d’altitude soit carrément inverse du vent au sol. On peut rencontrer ce phénomène en montagne suivant l’orientation des vallées par rapport au vent dominant. Il arrive alors que l’on puisse faire la boîte, c’est-à-dire se reposer sur le terrain de décollage ! C’est très rare et les pilotes qui y parviennent en sont très fiers !

Le vol de compétition en montgolfière demande donc une maitrise de la part du pilote, pour utiliser les différentes altitudes afin d’influer sur la direction prise par le ballon. Le but est d’aller sur des cibles (2) posées au sol et d’y jeter le plus près possible du centre un marqueur (3). En décollant à plusieurs kilomètres d’une cible positionnée dans le sens du vent général et dont on connait la position, les plus habiles des pilotes peuvent jeter ce marqueur à quelques centimètres du centre de la cible.

Plusieurs types d’épreuves existent  (il y en a 20 sortes) comme la chasse au renard (4), et il peut y en avoir plusieurs par vol (jusqu’à 5 ou 6).

La Direction des Vols qui définit la feuille d’épreuve, donne des indications météo avant le décollage, peut décider du lieu de décollage, mais peut aussi laisser libre choix au compétiteur de choisir son terrain d’envol et de faire un retour au bercail (5).

Lorsque les ballons approchent la cible, souvent en groupe, comme en grappe de raisin, le spectacle est incroyable. Dans un championnat du monde, il n’est pas rare de voir une cinquantaine de ballons arriver ensembles, à faible altitude, parfois même en se bousculant les uns les autres afin d’avoir la meilleure approche sur la cible. A l’intérieur de la nacelle les frissons sont garantis, sachant que des règles de priorités existent et que les pénalités sont légions en cas d’infraction. On peut admettre que l’enveloppe (6) du ballon en frotte une autre à faible vitesse ascensionnelle, en revanche une nacelle (en osier) ne dois JAMAIS toucher l’enveloppe d’une autre montgolfière au risque de la déchirer…

La FFA, Fédération Française d’aérostation (www.ffaerostation.org) organise chaque année le Championnat de France de compétition en montgolfière, qui permet une sélection des meilleurs pilotes pour représenter la France aux Championnat d’Europe ou du monde (en alternance tous les 2 ans). Il y a généralement entre 30 et 50 concurrents pour le championnat de France (qui se tiendra à Lunéville (54) fin juillet 2018), 70 à 80 concurrents au Championnat d’Europe et 100 pilotes au Championnat du Monde. Les épreuves se déroulent le matin et le soir sur 6 jours (Championnat de France) à 8 jours (Championnat d’Europe ou du Monde).

Le pays qui a le plus de titres mondiaux est les Etats Unis. La France grâce François Messines a un titre avec de champion du monde de compétition en montgolfière obtenu en 2008 avec Stéphane Bolze finissant 3e (les 2 pilotes Top Balloon !). Les autres pays qui se distinguent le plus, sont l’Allemagne, dont le meilleur pilote est depuis longtemps Uwe Schneider (3 fois champion d’Europe), la Grande Bretagne qui a connu un pilote exceptionnel (2 fois champion du monde et 3 fois Champion d’Europe) avec David Bareford, la Suisse avec Stefan Zeberli qui a obtenu 4 titres de champion d’Europe, ou encore le Japon.

La pratique de la compétition en montgolfière, nécessite une équipe généralement constituée d’un pilote bien sûr, d’un navigateur qui établit la stratégie avec le pilote et prépare la navigation sur les épreuves, mais également de 2 équipiers minimum au sol pour conduire le véhicule de récupération qui suit le ballon et pour donner des indications par radio au pilote sur les vents au sol et la meilleure façon d’approcher la cible. Pour se faire, on utilise des petits ballonnets d’hélium qui indiquent la direction du vent en montant.

L’équipe au sol est très importante pour le pilote et le navigateur, car la vision du sol depuis l’altitude, ne permet pas d’avoir une vue précise de l’angle du vent au sol. Une bonne équipe doit être en avance sur le vol du ballon pour être utile. De plus en plus, les pilotes fonctionnent en binôme comme François et Stéphane (qui ont montré l’exemple en France depuis 20 ans), voir en trinôme, selon la théorie qu’on est plus fort à 2 ou 3 que seul…

A bien des égards, la compétition en montgolfière s’apparente à une régate, et les parallèles avec la pratique de la voile sont nombreux :

  • Les 2 activités se pratiquent grâce au vent qui souffle dans une voile ou sur un ballon,
  • La météo revêt un aspect primordial pour la réalisation de l’activité,
  • La navigation permet de se positionner dans l’espace ou sur l’eau,
  • Les équipiers sont indispensables au fonctionnement de la machine, même si l’on peut voler ou naviguer en solo,
  • C’est une activité qui se pratique dans un milieu qui n’est pas celui de l’homme, nous sommes des terriens,
  • Cette activité n’est pas dangereuse à la base, pour peu que l’on respecte un certain nombre de règles, notamment liées à la météo et à l’anticipation de la trajectoire.

Petit avantage à la pratique de la montgolfière… on n’a pas le mal de mer… ni le vertige (voir la rubrique Questions-Réponses) 😉

Lexique :

(1) Ballon :      Nom générique donné entre autre à la montgolfière. Il existe plusieurs sortes de ballons : à air chaud (c’est la montgolfière), à gaz (c’est le ballon à hélium ou hydrogène que l’on pilote en jetant du lest sous forme de sable) et la Rosière inventée par Jean-François Pilâtre-de-Rozier 1er Aéronaute (7) avec la Marquis d’Arlandes (un mix des 2 techniques : on réchauffe l’hélium avec un petit brûleur pour le dilater, ce qui évite de lâcher du lest et permet de voler très longtemps). Le tour du monde a pu être ainsi fait pour la première fois par le Suisse Bertrand Piccard.

(2) Cible :        Croix en tissu de 10m x 10m positionnée dans un champ que les pilotes en compétition tenteront d’approcher au plus près.

(3) Marqueur :           Petit sac de sable de 70gr au bout d’une banderole en nylon de 70cm de long.

(4) Chasse au renard : Les pilotes suivent un ballon de l’organisation appelé « renard » et cherchent à marquer le plus près possible de la cible déployée par le renard après son atterrissage.

(5) Retour au bercail : Epreuve qui consiste pour le pilote de décoller d’où il veut, avec une distance minimum par rapport à la cible à respecter (généralement d’un authentique champ situé à quelques kilomètres de la cible, non cultivé, nos clos et sans animaux d’élevage) et de la rejoindre en volant. Il doit donc choisir un terrain positionné au vent de cette cible et imaginer la trajectoire qu’il va faire en vol pour son approche.

(6) Enveloppe :           Le ballon lui-même, c’est-à-dire la partie en tissu qui enferme l’air chaud d’une montgolfière ou l’hélium d’un ballon à gaz.

(7) Aéronaute : Passager civile d’un ballon, à la différence d’un aérostier (nom couramment utilisé à tort) qui est militaire (passagers de ballons captifs d’observation des champs de batailles fin 19e, début 20e).

2018-04-27T15:50:28+02:00 27 novembre 2017|Actualités|